L'ascension des cols mythiques des Alpes : récit d'une aventure inoubliable

COL DU GALIBIER 2642m

Gravir les cols légendaires des Alpes, c'est entrer dans l'histoire du cyclisme. Ces routes mythiques, rendues célèbres par le Tour de France, représentent un défi que de nombreux cyclistes amateurs rêvent de relever. J'ai eu la chance de vivre cette aventure l'été dernier et je souhaite partager avec vous ce périple inoubliable à travers les sommets alpins, entre souffrance et extase.

La préparation : un projet longuement mûri

L'idée de grimper les grands cols des Alpes me trottait dans la tête depuis des années. Fan du Tour de France depuis mon enfance, j'avais regardé tant de fois ces ascensions à la télévision, admirant les champions se battre contre la pente. À 45 ans, après plusieurs années de cyclisme régulier mais sans expérience de haute montagne, j'ai décidé que le moment était venu.

La préparation a commencé six mois avant le départ. Mon programme d'entraînement incluait :

  • Trois sorties hebdomadaires, dont une longue le week-end
  • Des séances spécifiques de renforcement musculaire
  • Un travail particulier sur les longues montées, en recherchant les côtes les plus raides de ma région
  • Un stage de trois jours dans les Vosges pour m'habituer aux ascensions prolongées

J'ai également consacré du temps à la préparation logistique : choix de l'itinéraire, réservation des hébergements, vérification complète de mon vélo, et bien sûr constitution d'un équipement adapté aux conditions changeantes de la montagne.

L'itinéraire : à la conquête des géants

Mon parcours de huit jours était centré sur trois massifs principaux des Alpes françaises : le Galibier, l'Alpe d'Huez et l'Izoard. J'ai choisi d'établir trois camps de base (Briançon, Bourg d'Oisans et Saint-Jean-de-Maurienne) pour limiter les déplacements avec bagages.

L'itinéraire comprenait ces ascensions légendaires :

  • Col du Télégraphe (1566m) et Col du Galibier (2642m) - Une double ascension redoutable
  • Col de la Croix de Fer (2067m) - Une montée sauvage et moins fréquentée
  • L'Alpe d'Huez (1860m) - Les 21 virages mythiques
  • Col d'Izoard (2360m) - Et sa célèbre Casse Déserte
  • Col du Lautaret (2058m) - Un col panoramique

J'ai délibérément prévu des journées de récupération entre les ascensions les plus difficiles, et quelques variantes plus faciles pour les jours où les jambes seraient trop lourdes.

Jour 1 : L'appréhension du débutant face au Galibier

Dès le premier jour, j'ai voulu me confronter à l'un des géants : le Col du Galibier. L'approche par le Col du Télégraphe en fait une double ascension particulièrement éprouvante.

Départ de Saint-Michel-de-Maurienne à 7h du matin, sous un ciel parfaitement dégagé. La montée du Télégraphe (12 km à 7%) s'est plutôt bien passée, malgré quelques passages à 9% qui m'ont fait prendre conscience de ce qui m'attendait. Arrivé à Valloire, j'ai fait une courte pause pour me ravitailler.

C'est ensuite que les choses sérieuses ont commencé. Les 18 km qui mènent au Galibier sont d'une beauté saisissante, mais d'une difficulté croissante. Les quatre derniers kilomètres, après Plan Lachat, avec leur pente à plus de 10%, m'ont paru interminables. J'ai dû m'arrêter deux fois pour reprendre mon souffle, regrettant presque d'avoir choisi une telle ascension pour ma première journée.

Et puis est venu ce moment magique : le dernier virage, le panneau indiquant le sommet (2642 m), et cette vue à couper le souffle sur les massifs environnants. La fatigue s'est momentanément dissipée, remplacée par un sentiment d'accomplissement indescriptible. J'ai partagé ce moment avec d'autres cyclistes, échangeant des sourires complices qui en disaient long sur l'effort partagé.

2642m

Les 21 virages de l'Alpe d'Huez : un pèlerinage cycliste

Après une journée de récupération, j'étais prêt pour l'ascension la plus emblématique : l'Alpe d'Huez et ses 21 virages numérotés à rebours. Chaque lacet porte le nom d'un vainqueur d'étape du Tour de France, transformant cette montée en véritable musée à ciel ouvert du cyclisme.

Le départ depuis Bourg d'Oisans est brutal, avec une pente immédiatement à 10-11% sur les premiers kilomètres. C'est dans cette première partie, jusqu'au virage 16, que j'ai le plus souffert. La chaleur était écrasante, et malgré un départ matinal, le soleil cognait déjà fort sur l'asphalte.

L'Alpe d'Huez a ceci de particulier qu'elle offre constamment des points de repère : chaque virage numéroté devient un objectif intermédiaire, une petite victoire. "Plus que 15 virages... plus que 10..." Cette décomposition de l'effort m'a aidé à gérer mentalement l'ascension.

Le virage 7 a été mon moment de faiblesse. Mes jambes brûlaient, ma respiration était laborieuse. C'est là qu'un groupe de cyclistes néerlandais m'a doublé, et l'un d'eux m'a lancé un encouragement en passant. Cet élan de solidarité m'a motivé à accélérer légèrement pour rester dans leur sillage.

L'arrivée à la station de l'Alpe d'Huez est indescriptible. Les derniers hectomètres, presque plats, m'ont permis de savourer l'instant. En franchissant la ligne imaginaire que tant de coureurs professionnels ont passée avant moi, j'ai ressenti une connexion particulière avec l'histoire de ce sport.

La majesté sauvage de l'Izoard

Le Col d'Izoard représente pour moi l'essence même de la montagne dans sa dimension la plus sauvage. Son ascension depuis Briançon (20 km à 5,7% de moyenne) est relativement régulière jusqu'au Refuge Napoléon, avant d'attaquer les derniers kilomètres plus pentus.

Ce qui rend l'Izoard unique, c'est la traversée de la Casse Déserte dans les derniers kilomètres - un paysage lunaire aux rochers sculptés par l'érosion, qui donne l'impression de pédaler sur une autre planète. C'est aussi l'un des rares cols qui semble réellement isolé du monde, avec très peu d'habitations sur son versant.

Contrairement au Galibier et à l'Alpe d'Huez, j'ai gravi l'Izoard avec de meilleures sensations, peut-être parce que mon corps s'était adapté à l'effort d'altitude après plusieurs jours. La montée s'est déroulée à un rythme régulier, me permettant même d'apprécier le paysage qui change radicalement après les gorges du Guil.

Au sommet, devant la stèle rendant hommage à Fausto Coppi et Louison Bobet, j'ai pris quelques minutes pour contempler la beauté austère des lieux et réfléchir au chemin parcouru depuis mon premier col. Le vent frais à 2360 mètres rendait la pause un peu fraîche, mais rien ne pouvait entamer ma satisfaction.

La Croix de Fer : l'ascension confidentielle

Moins célèbre que ses voisins, le Col de la Croix de Fer (2067 m) m'a pourtant offert l'une des plus belles expériences cyclistes de mon séjour. Depuis Saint-Jean-de-Maurienne, cette ascension de 30 km présente la particularité d'alterner des sections raides et des replats, voire de courtes descentes qui permettent de récupérer.

Ce qui m'a frappé dans cette montée, c'est la diversité des paysages traversés : forêts denses au début, alpages verdoyants au milieu, et environnement minéral sur les derniers kilomètres. Le barrage de Grand Maison, à mi-parcours, offre une vue spectaculaire et une pause bienvenue.

À la différence des cols plus touristiques, la Croix de Fer conserve un caractère authentique, avec peu de commerces sur son versant. J'ai apprécié cette tranquillité, croisant seulement une poignée d'autres cyclistes tout au long de l'ascension. La sensation d'isolement progressif, alors que la route s'élève au-dessus de la vallée, est propice à l'introspection.

Le sommet, marqué par une croix en fer forgé qui lui donne son nom, offre une vue à 360° sur les massifs environnants. C'est là que j'ai probablement pris les plus belles photos de mon voyage, avec en arrière-plan les Aiguilles d'Arves et leurs silhouettes caractéristiques.

Leçons apprises et conseils aux aspirants grimpeurs

Cette aventure en haute montagne m'a beaucoup appris, tant sur le plan physique que mental. Voici quelques enseignements que je souhaite partager avec ceux qui envisagent de se lancer dans un tel défi :

La préparation est essentielle, mais ne fait pas tout

Malgré mes mois d'entraînement, rien ne m'avait vraiment préparé à l'effort spécifique des longues ascensions alpines. L'altitude, en particulier, est un facteur difficile à simuler en plaine. Ne vous découragez pas si les premiers cols sont plus difficiles que prévu - votre corps s'adaptera progressivement.

Gérez votre effort et abandonnez votre ego

Dans les grands cols, l'important n'est pas la vitesse mais la régularité. J'ai rapidement compris qu'il valait mieux adopter un rythme que je pouvais maintenir sur la durée, plutôt que de vouloir impressionner. Utiliser un petit braquet (34x32 dans mon cas) m'a permis de préserver mes genoux sur les pentes les plus raides.

L'importance de l'hydratation et de la nutrition

En montagne, les besoins énergétiques sont décuplés. J'ai appris à mon détriment, lors de l'ascension du Galibier, qu'il fallait manger régulièrement avant de ressentir la faim. Deux bidons d'eau sont un minimum, et il est crucial de connaître les points de ravitaillement sur l'itinéraire.

Adaptez-vous à la météo montagnarde

Même en été, le temps peut changer rapidement en altitude. J'ai toujours emporté un coupe-vent pour la descente et des vêtements adaptables. La crème solaire est également indispensable, l'exposition aux UV étant particulièrement forte en altitude.

Au-delà de l'effort : la dimension culturelle et historique

Gravir ces cols mythiques, c'est aussi s'immerger dans l'histoire du cyclisme et découvrir le patrimoine alpin. Chaque ascension est chargée de légendes sportives et d'anecdotes que j'ai pris plaisir à explorer.

J'ai particulièrement apprécié les petits musées du cyclisme, comme celui au sommet du Galibier, qui racontent les exploits des champions sur ces pentes. Les noms peints sur la route - vestiges des encouragements lors du passage du Tour - ajoutent à cette dimension historique.

Au-delà du cyclisme, j'ai découvert l'architecture spécifique des villages alpins, l'histoire des routes stratégiques construites sous Napoléon, et les traditions pastorales encore vivaces dans certaines vallées. Ces découvertes culturelles ont enrichi mon expérience bien au-delà de la simple performance sportive.

Les rencontres avec d'autres cyclistes venus du monde entier ont également été enrichissantes. Partager un café au sommet d'un col avec des passionnés australiens, allemands ou italiens crée des liens particuliers. Nous parlions la même langue, celle de l'effort et de la passion du vélo.

De retour chez moi après ces huit jours d'aventure alpine, j'ai ressenti un mélange de fierté, d'accomplissement et, paradoxalement, d'humilité. Fierté d'avoir relevé ce défi personnel qui me semblait inaccessible quelques années auparavant. Accomplissement d'avoir inscrit mes roues dans les traces de mes idoles cyclistes. Humilité face à la grandeur des paysages traversés et à la difficulté de ces ascensions que les professionnels gravissent à des vitesses impressionnantes.

Ces cols mythiques m'ont offert bien plus qu'un défi sportif : ils m'ont permis de repousser mes limites, de me reconnecter avec la nature dans ce qu'elle a de plus grandiose, et de vivre des moments d'intense satisfaction au sommet de chaque ascension.

Si vous nourrissez le rêve de gravir un jour ces géants des Alpes, n'hésitez pas. La préparation sera exigeante, l'effort considérable, mais la récompense dépasse tout ce qu'on peut imaginer. Les paysages époustouflants, le sentiment d'accomplissement et les souvenirs impérissables valent chaque goutte de sueur versée sur ces pentes mythiques.

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